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 [b]élevage de sauriens en masse : quo vadis

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3 participants
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nicolas

nicolas


Masculin Nombre de messages : 16
Age : 59
Localisation : Suisse
Date d'inscription : 21/05/2008

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MessageSujet: [b]élevage de sauriens en masse : quo vadis   [b]élevage de sauriens en masse : quo vadis Icon_minitime27/5/2008, 17:22

je réactualise ici un débat que j'avais suscité sur d'autres sites.

Votre avis m'intéresse beaucoup.

Il y a quelques mois j’ai épluché la grande majorité des sites francophones de terrario et en particulier les topics « geckos », du pur bonheur !!!

J’ai en outre participé il y a quelques mois à un forum électronique international informel réunissant des vétérinaires intéressés par les reptiles, des éleveurs professionnels et des « amateurs avertis » essentiellement d'outre Atlantique.

Voici quelques réflexions personnelles issues de ces lectures et discussions qui, je l’espère, vont induire une discussion intéressante.

En préambule et pour éviter les insultes, les menaces, les colis piégés et autre réactions explosives je tiens à préciser les éléments suivants :

Je ne fais aucune attaque personnelle.
Je n’ai pas de leçons à donner à quiconque et ne suis pas de nature moralisatrice.
Je n’ai pas d’a priori négatif sur la sélection de mutations chez les reptiles ; ceux qui me connaissent depuis longtemps savent que j’ai longtemps élevé des phases d’Eublepharis macularius (EM) et d’Hemitheconyx caudicinctus (HC) et que je fus un des premiers à détenir ces geckos fin des années 90.
Je ne suis pas suivi médicalement pour des troubles psychiatriques de type névrose paranoïde.
Je n’ai pas été enlevé par des aliens et ne suis membre d’aucune secte.
Je ne souffre pas (encore) de démence sénile.

Here we go !

L’élevage d’EM en captivité a littéralement explosé au milieu des années 80, par contre à cette époque l’apport régulier de geckos sauvages a constitué un pool génétique particulièrement bien brassé. Le problème de l’époque était le manque de connaissances dans la systématique du genre Eublepharis et dans la répartition géographique des différentes espèces et sous espèces. Il a fallu les travaux taxonomiques de Grismer entre 87 et 89 pour y mettre de l’ordre. Il est donc possible et même probable qu’il y ait eu un brassage génétique non seulement intra spécifique mais aussi inter spécifique à cette époque. Lorsqu’au milieu des années 90 les premiers EM « différents » phénotypiquement sont apparus en captivité on a pu durant une courte période conserver une certaine traçabilité des souches mais ces informations ont vite disparu, noyées par l’intérêt esthétique de ces mutations. Internet nous a aidé à diffuser les informations mais a aussi accéléré leur perte par déviation d’intérêt. Vers 2001-2002 il existait du reste un site étranger qui proposait des espèces d’Eublepharis autres que macularius et qui illustrait ses pages par des geckos phasés ! La confusion totale.

Il s’en est suivi un élevage de masse spectaculaire mais qui dit massif dit souvent abusif et je vous propose de discuter 3 dérives de ce phénomène assez unique en terrariophilie.

La dérive génétique :

Les premières mutations « phénotypiquement profondes » à savoir leucistiques (de l’époque) et albinos souche Tremper ont constitué un appel d’intérêt immense et le nombre d’individu a augmenté exponentiellement ; l’aspect quantitatif a vite supplanté les considérations qualitatives.
Un de mes professeur de biologie moléculaire nous disait quand j’étais en fac : « une mutation a autant de chance d’améliorer une espèce qu’un coup de marteau sur le moteur a de chance d’améliorer une Formule 1 ».
Ainsi dame nature a rendu certains gènes récessifs dans l’idée de les museler. L’allèle « albinos » en est un excellent exemple. Pourtant il ne faut pas seulement raisonner en terme de mutation mais bel et bien en terme de co-morbidité liée à la mutation.
Les premières souches albinos n’avaient par exemple que peu de modifications oculaires et chez les reptiles, par opposition aux mammifères, un déficit isolé en tyrosine kinase (ou ses récepteurs pour les T+) ne provoque pas obligatoirement une dépigmentation iridienne suffisante pour exposer la vascularisation rétinienne et donner cet aspect « œil rouge » caractéristique.
De plus nous avions pris l’habitude d’incuber à chaud les œufs d’EM albinos pour obtenir le plus de mâles possible et avons obtenu des geckos très clairs ; par contre aux températures "femelles" des individus foncés furent légions (chocolate albinos) avec un phénotype vraiment léger pour des EM albinos. On sait maintenant que la température a une influence nette sur l’aspect extérieur des individus et qu’elle interfère avec le concept de phénotype asservi au génome.
Actuellement tout est fait pour obtenir par exemple le phénotype œil rouge ou au moins une modification iridienne qui fait furieusement penser à un colobome. Quid de la co-morbidité ophtalmique induite ?
Sur le plan dermatologique les choses ont commencé à se gâter avec les phases blizzard et surtout blazing blizzard notamment. Ces gènes ont pourtant été largement utilisés. Quid de la co-morbidité cutanée ?
Sur le plan ostéo-articulaire des déformations visibles ont rapidement pollué certaines phases (queue déviée etc…).
Certains vont me dire que toutes les mutations ne sont pas récessives et que le concept de protection est faux .
Le gigantisme par exemple semble co-dominant. Les giants sont si courant que le gène « giant » est livré en option avec la majorité des souches actuelles. Si ce phénotype est conduit par un dérèglement de la GH il est probablement associé à des co-morbidités comme l’acromégalie chez les mammifères ; pas seulement ostéo-articulaire mais aussi et surtout métabolique ; l’espérance de vie des super giants ne semble du reste pas impressionnante !!!
Les exemples sont nombreux et des co-morbidités induites vont probablement apparaître avec le temps.
Il faut à mon avis en avoir conscience pour trier ce qui est positif et ce qui est délétère pour les souches existantes et à ven

La dérive sémantique :

Plus agaçante que dangereuse elle est le reflet de plusieurs phénomènes :
La diffusion d’informations lacunaires.
La non connaissance de certains principes fondamentaux en zoologie.
L’anglicisme et les mauvaises traductions.
L’impression qu’ont certains de pouvoir épater la galerie en utilisant un vocabulaire obscure et pseudo-scientifique.

Ainsi on lit de plus en plus d’absurdités. Mais c’est normal quand on voit la pseudo-taxonomie des phases. Le summum étant atteint chez les éleveurs de Python regius.

Certains n’ont toujours pas compris qu’amélanique signifie privé de mélanine ce qui est synonyme d’albinisme stricto sensu.
D’autre n’ont pas métabolisé les paramètres neuro-endocriniens et morphologiques des chromatophores reptiliens et raisonnent par anthropomorphisme en oubliant que chez les mammifères c’est fondamentalement différent. (la plaisanterie des bleu foncés derrière et des bleus clairs devant n’est pas fondée sur l’expérience ou alors chez Peyo !!!)

Tout est hypo ou hyper, cela devient hyper ridicule et hypo constructif.
Les acronymes les plus délirants sont pondus chaque mois (ou chaque semestre si l’on utilise le calendrier Hammien) : APTOR, RAPTOR, à travers et à tord !
Mais finalement cette jungle sémantique est peu nuisible et dangereuse sauf pour le débutant qui s’y perd et …….. le porte-monnaie.

La dérive sanitaire :

C’est par opposition à la précédente une véritable bombe à retardement.
Je ne suis pas parano mais elle est à mon avis gravement sous-estimée.

L’élevage en masse est ainsi responsable d’épizooties potentielles graves.

Ainsi la cryptosporidiose, une pathologie décrite depuis longtemps en médecine vétérinaire mais dont la prévalence a explosé ces dernières années ; il est évident que les élevages en masse avec inbreeding ont préparé le terrain notamment chez EM.

Chez les ophidiens cryptosporidium provoque des gastrites mais chez les geckos il induit des entérites ce qui du point de vue métabolique est très rapidement délétère car l'absorption des nutriments ne peux plus se faire normalement : anorexie, diahrrée, perte de poids, pencil tail syndrom ... les mue ne peuvent être digérées et sont régurgitées.
Le cycle du Cryptosporidium est direct et l'agent pathogène passe directement dans les selles d'où un pouvoir de contamination exponnentiel. De plus en cas d'enkystement parasitaire la survie du pathogène est longue.
Le diagnostic peut être ardu ; beaucoup de faux-négatifs à la coproscopie ; il faut faire au moins 3 copros en 10 jours.
Il existe une séroconversion dosable dans le sang (ELISA) mais comme les souches de protozoaïres peuvent avoir des revêtements (épitopes) variables un faux négatif n'exclue rien.
Un frottis du tube digetif a été tenté avec succès mais c'est très traumatisant pour le gecko.
I existe un test par immunofluorescence (Merifluor) 15 fois plus sensible mais surtout pour C.parvum.
Les option thérapeutiques sont décevantes :des schémas de colostrum bovin hyperimmun (HBC), de Nitraoxanide, Spiramycin , sont parfois proposés un peu par dépit.
Alinia semble prometteur.
A mon sens le seul traitement actuel est l'euthanasie.
Un des moyens de contrôle : désinfection TOTALE des locaux ammoniac 5% formalin 10%.
Une exposition à la chaleur humide 10 minutes semble efficace.

La coccidiose est également très contagieuse mais peut se soigner par de longs traitements de Trimethoprime ou de Dimethoxine. L’élevage en masse la favorise aussi.

J’ai identifié au moins 3 cas très suspects sur les sites francophones ces derniers mois, je n’en dirai pas plus.
Je connais plusieurs élevages qui furent ravagés par cette pathologie.
Personnellement je n’acquière plus de gecko chez les éleveurs qui ont aussi un élevage d’EM en tous cas outre Atlantique.
Quand je suis en bourse et à Hamm notamment j’ai toujours sur moi du désinfectant pour les mains. A quand le scaphandre ?

Voici donc en quelques mots, certaines réflexions qui me semblent utiles et qui, du moins, devraient susciter un débat intéressant.
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Pierre P.




Masculin Nombre de messages : 346
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MessageSujet: Re: [b]élevage de sauriens en masse : quo vadis   [b]élevage de sauriens en masse : quo vadis Icon_minitime27/5/2008, 19:55

Je te remercie de nous faire partager tes inquiétudes et point de vue, très interressant! Néanmoins, je pense qu'au niveau polémique.. on ne peut être d'accord qu'avec toi!

Pour ajouter un peu plus (je suis plus serpents):
au niveau des problèmes de sélection et diffusion massive d'animaux phasés, le Python molurus albinos a été l'objet de très nombreuses affections en Europe du à la consanguinité car un très faible nombre d'animaux a été importé des USA. De plus ce sont des animaux beaucoup plus prolifique que les EM, donc en plus de la co-sélection délétère avec les phases, on a un réel problème de consaguinité.
pour la pollution génétique: la Gutt (Pantherophis guttatus) est sans doute ce qu'il y a de pire: croisement avec du Lampropeltis sp. qui au bout de 3 générations revient sur le marché comme gutt. Beaucoup oublient que la phase "Creamsicle" est issu d'un croisement entre 2 sous-espèce : P.guttatus guttatus et P.guttatus emoryi. Et là encore on se retrouve avec "amelanistique (anglicisme) albinos (redondance) candy cane (albinos contrasté)... et finalement on s'y perd... on vend et on passe à ce qui rapporte: le Bci phasé et maintenant encore plus le PR...

Heureusement on retrouve de plus en plus d'éleveurs qui il y a quelques années étaient "fier" d'une curiosité: un animal albinos , et qui aujourd'hui dépassé par la "phasophilie" préfére un animal "naturel" (même si un alinos n'est pas forcément artificiel).


Dernière édition par Pierre P. le 28/5/2008, 09:46, édité 1 fois
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Tij

Tij


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MessageSujet: Re: [b]élevage de sauriens en masse : quo vadis   [b]élevage de sauriens en masse : quo vadis Icon_minitime27/5/2008, 22:12

C'est très intéressant que tu soulèves ce débat, car il y a vraiment matière à discuter sur ce sujet.

Pour ma part, je ne suis pas en faveur de l'explosion du marché des phases, que celui-ci concerne les ophidiens ou les sauriens, même si je comprends l'attrait esthétique que certaines peuvent exercer sur le néophyte et surtout, lorsqu'il s'agit d'éleveurs de qualité, l'intérêt scientifique de l'étude des mutations, de leur transmission et de leur expression au cours des générations.

Effectivement, on s'y perd. C'est la mercantilisation progressive et de plus en plus poussée des espèces réputées abordables pour le débutant qui en est la cause, avec pour reprendre ce que dit Pierre en tête de ligne la gutt, le BCI, le PR et bien sur les EM, mais aussi à moins forte raison les pogos, etc. Il suffit de se rendre sur n'importe quelle bourse pour s'en rendre compte. Le moteur de tout ça est l'argent, et certainement le manque d'informations et de connaissances biologiques des acquéreurs qui se laissent séduire par la "nouveauté".

Ce qui est surtout déplorable, c'est que finalement on ne sait plus qui est réellement porteur de quels allèles. De plus, certains éleveurs, dès l'obtention d'un individu présentant de nouvelles caractéristiques susceptibles d'être exploitables commercialement, vont immédiatement le baptiser d'un nouveau nom de phase... Pourtant, rien n'est forcément fixé alors génétiquement. A partir de combien d'individus présentant un phénotype sembable peut-on parler de l'apparition d'une nouvelle phase ? Quels sont les critères de biologie moléculaire permettant d'affirmer qu'elle représente une réalité génétique, et pérenne sur le long terme au fil des générations ?

Sur le plan sanitaire et vétérinaire, c'est effectivement problématique : croisements multiples, élevage en masse, consanguinité, expression d'allèles entraînant une particularité intéressant commercialement mais ayan des effets secondaires sur la viabilité de l'individu... En ce qui concerne la cryptosporidiose, j'ai lu un paragraphe très ressemblant en ce qui concerne la forme sur geckoonline.net il y a peu, peut-être en étais-tu toi-même l'auteur. Je n'ai pas d'informations à donner sur le sujet ; cela dit, il est clair que les pathologies d'élevage sont / seront d'actualité avec le boom du phasing notamment. Le cas le plus marquant chez les serpents est probablement le problème posé par les virus de l'IBD et de la paramyxovirose, qui plombent les élevages de Boïdés et diffusent facilement, les symptômes pouvant apparaitre tardivement sur les boas notamment. Donc on peut se poser la question : lorsque l'on souhaite mettre le prix pour acheter une bête de valeur et démarrer son propre cheptel, où s'approvisionner ? Quelles précautions prendre ? Serait-il indiqué de mettre en place des plans de dépistage de certaines affections à titre de prévention ?

Sans vouloir faire dans l'eugénisme, il serait parfois appréciable d'avoir l'opportunité de retrouver des animaux "purs", càd proche génétiquement de l'espèce naturelle, et non polluée génétiquement par des croisements successifs et un allèlisme douteux...

La discussion pourrait aussi s'étendre à d'autres sujets proches. C'est le cas de la refonte complète de la classification des reptiles, la difficulté à différencier certaines sous-espèces les unes des autres, l'hybridation interspécifique, les croisements entre sous-espèces, les variétés géographiques de robe et de taille au sein d'une même sous-espèce, qui tendent elles aussi à semer la confusion parmis les acquéreurs de reptiles.

Lorsque tu évoques un probable brassage interspécifique dans les années 80, de quelles espèces d'Eublepharis sp. s'agit-il ? Le macularius aurait-il fait à l'époque l'objet d'un croisement avec une espèce proche d'origine géographique similaire ?
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